Réaménagement du secteur de Rive, interfaces de transports publics


Un récent échange de courriers entre la CITraP-Genève et diverses instances concernées par le réaménagement du secteur de Rive nous conduit à quelques réflexions sur la manière de concevoir les interfaces de transports publics à Genève. Celles-ci débutent par quelques considérations de nature historique.

Dès l’essor des transports publics à la fin du 19ème siècle, le secteur de Rive, et particulièrement son rond-point et le terre-plein de la rue Pierre-Fatio sont rapidement devenus un des pôles majeurs du réseau de transports publics genevois. Bien situé à proximité immédiate du centre-ville et du lac, bénéficiant d’espace relativement généreux sur la ceinture fazyste, ce lieu a servi en particulier de terminus urbain de nombreuses lignes ‘de campagne’, desservies par des trams progressivement remplacés par des autobus. Ce rôle d’interface importante est demeuré jusqu’à aujourd’hui.

Au début des années 2000 le projet de stationnement souterrain ‘Clés de Rive’ a conduit à repenser le secteur de Rive, en particulier le terre-plein de la rue Pierre-Fatio. A cette occasion la CITraP-Genève a évalué l’impact sur les arrêts TPG du pôle et rédigé un rapport conservé dans les archives de ce site. Comme on sait, le projet de parking a été refusé en votation, nécessitant de repenser projet de réaménagement du secteur.

Le nouveau projet de réaménagement conduit par la Ville est connu dans ses grandes lignes. Il comprend la piétonisation et la végétalisation d’une grande partie des espaces du secteur. Ce louable effort environnemental se fait hélas au détriment des transports publics et de leurs usagers. Une version provisoire du plan général d’aménagement du secteur est visible ici.

En réaction à ce plan, une lettre de la CITraP-Genève datant de l’époque du plan comprenant le stationnement souterrain a été mise à jour et envoyée à la magistrate en charge du département de l’aménagement de la Ville en février 2025. Des copies de la lettre ont été envoyées, d’une part au Conseiller d’État en charge de la mobilité, d’autre part à la direction générale des TPG. La lettre en question peut être lue via ce lien ; la lettre d’accompagnement pour le Conseiller d’État peut être lue via ce lien.

Dans sa réponse la Ville de Genève invite à prendre contact pour une rencontre explicative. Par ailleurs, tant le Conseiller d’État que le Directeur général des TPG ont répondu de manière détaillée (voir ici et ici). Ces réponses suscitent de nouvelles interrogations de notre part.

La réponse des TPG évoque un «desserrement des arrêts de tps», ce qui nous semble un euphémisme pour signifier un éloignement des arrêts les uns des autres. En particulier le positionnement d’un terminus sur la rue Ferdinand-Hodler nécessite de monter ou de descendre relativement au Cours de Rive. De plus le déplacement ultérieur à la Gare des Eaux-Vives du terminus de la ligne G (voire, à moyen terme, aussi celui de la ligne E) est très contestable, puisqu’aucune ligne TPG ne dessert directement la Rive Droite depuis cet endroit, et l’utilisation du Léman Express pour atteindre la gare de Cornavin n’est pas attractive.

La réponse du Conseiller d’État, qui donne des éléments de réponse sur d’autres interfaces que Rive, mentionne entre autres la vision qui «vise à concevoir un espace public plus équilibré, ne répondant pas uniquement aux besoins des transports collectifs». Cela revient à légitimer une vision d’urbaniste qui fait bon marché des préoccupations des usagers des tps, lesquels veulent pouvoir transborder d’un véhicule à un autre rapidement et par le cheminement le plus court. Il suffit de franchir la Sarine pour admirer, dans des localités suisse-alémaniques de toutes tailles, des interfaces très réussies dans les gares, où les bus stationnent visiblement au plus près des quais de trains, facilitant grandement les correspondances.

La CITraP-Genève continuera de s’engager pour la réalisation à Genève d’interfaces de transports publics pratiques et faciles pour les usagers.

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